mardi 20 décembre 2011

Le flou(ze) du zoo ...

En divaguant sur le Net, je suis tombé sur un article datant de fin 2010, qui n'a pas fait le bruit qu'il méritait dans nos débats.

Je le résume en une citation:
Les principales industries du droit d’auteur et des droits voisins sont les industries qui s’occupent de la création, la production, l’exécution, la diffusion, l’exposition, la distribution et la vente d’oeuvres protégées par le droit d’auteur. En 2009, celles-ci ont généré un chiffre d’affaires de 30.933,20 millions € ou 3,15% du chiffre d’affaires total de la Belgique. De ce fait, ce secteur se place devant l’industrie automobile (1,65%), le secteur financier (1,88%) et l’horeca (1,09%).  
En 2009, les principales industries du droit d’auteur et du droit voisin employaient 87.230 équivalents temps plein chez 8.943 employeurs, soit respectivement 3,12% et 4,00% du total des emplois en Belgique. (Belgianentertainment)

Près de 31 milliards d'euros ! Entre 3 et 4% du total des emplois en Belgique sont soutenus par le travail des artistes, en Belgique et partout dans le monde ... la démondialisation de la Culture a précédé de longtemps celle des flux financiers et des échanges commerciaux traditionnels.
Ces chiffres sont supérieurs à ceux révélés par les études Eurostat sur les statistiques culturelles 2007 et 2011 (qui vient de sortir).

Dans le débat qui nous occupe, ces chiffres me suggèrent seulement quelques réflexions élémentaires ...


Si l'on se réfère aux chiffres livrés par l'ONSS sur le nombre d'artistes (code 046) ayant cotisés dans le régime général des salariés, et en retenant l'hypothèse haute qu'il s'agit de 3.500 équivalents temps plein artistiques (leurs chiffres sont un peu plus compliqué que cela) au barème le plus élevé ... disons des centres culturels, cela fait au grand maximum 200 millions d'euros de coûts salariaux artistiques !
200 millions à mettre en regard de 31 milliards !


Le coût de l'emploi artistique salarié pèse des cacahuètes en regard du chiffre d'affaires des industries du droit d’auteur et des droits voisins.

En croisant les chiffres de l'Onem et de l'Onss, avec ceux de SMART, et en essayant de pondérer le nombre estimé d'artistes par leur temps de travail rémunéré, on doit à peine arriver à 3 ou 4.000 équivalents temps plein artistiques salariés, soit bien moins que 5% du volume d'emploi du secteur desdites industries !

L'emploi artistique pèse des pelures cacahuètes !

Le financement d'un statut social et fiscal des artistes repose sur un secteur économiquement prospère, très prospère ... Enfin ... devrait reposer ... en principe ...
Car vous imaginez bien le poids du lobby desdites industries !
Et j'ai peine à imaginer que ce lobby a pour préoccupation première le "statut social des artistes" !

Certes, une part importante sans doute de ce chiffre d'affaires s'explique par l'exploitation et la diffusion des oeuvres d'artistes étrangers en Belgique. Je prétends que cette part se réduirait à des cacahuètes dans un pays dépourvu d'artistes, de vie culturelle propre, amateure et professionnelle, bref du travail des artistes "locaux", et du patrimoine culturel qu'ils offrent à ce pays au cours des ans. C'est sur ce terrain et avec ce terreau que les industries du droit d'auteur et des droits voisins prospèrent en Belgique, comme dans tous les pays européens.

De la même manière, je prétends que la "réussite" économique des artistes qui arrivent à vivre de leur art, est fonction de la diversité et du nombre de tous les autres , en ce compris les "amateurs", les "artistes marrons", les artistes qui ne prestent qu'une ou deux fois par an, les artistes qui ne vendent pas leurs oeuvres, ou si peu ...! Comme le chantait Colette Magny: "Comment ça va les gens de la moyenne ? Savez-vous que sans nous, personne ne peut rien du tout."

Quand à celles et ceux qui croient encore que la culture est un secteur non-marchand qui obéit à la métaphysique du "supplément d'âme" ... ils risquent de connaître des lendemains qui déchantent.
A moins de résister et de combattre. Ensemble.

N’exige pas de nous la formule qui puisse t’ouvrir des mondes,Mais quelque syllabe difforme, sèche comme une branche.Aujourd’hui nous ne pouvons que te dire ceci :Ce que nous ne sommes pas, ce que nous ne voulons pas.
Eugenio MONTALE (in Os de Seiche)





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